Auto-émancipation de Leon Pinsker (1882)

Livre en français

Léon Pinsker, Autoémancipation ! Avertissement d’un Juif russe à ses frères, traduit de l’allemand par André Néher, Paris, 1882, rédité par Mille et Une Nuits, Paris, 2006, préface de Georges Bensoussan.

Résumé wikipedia en anglais

Auto-Emancipation (Selbstemanzipation) is a pamphlet written in German by Russian-Polish Jewish doctor and activist Leon Pinsker in 1882.

It is considered a founding document of modern Jewish nationalism, especially Zionism.

Pinsker discussed the origins of antisemitism and argued for Jewish self-rule and the development of a Jewish national consciousness.

He wrote that Jews would never be the social equals of non-Jews until they had a state of their own. He called on Jewish leaders to convene and address the problem.

In the pamphlet, he describes anti-Jewish attacks as a psychosis, a pathological disorder and an irrational phobia

Résumé de l’IREL

C’est parce qu’il a été profondément marqué par l’impact des pogroms de 1881-1882 que Léon Pinsker a publié ce pamphlet, ensuite appelé à faire date dans l’histoire du nationalisme juif.

Médecin juif russe, exerçant à Odessa, Léon Pinsker était, avant 1882, une figure des Lumières juives. En 1863, à Saint-Pétersbourg, il faisait partie des fondateurs de la « Société pour la propagation des Lumières » et il milita ainsi durant vingt ans pour l’intégration politique, économique et sociale des Juifs en Russie.

Déjà ébranlé par le pogrom d’Odessa en 1871, les événements de 1881 le conduisirent à abandonner tout espoir d’amélioration de la situation juive en Russie.

Il renonça notamment à combattre l’antisémitisme, l’associant désormais à une maladie mentale : « La judéophobie est une psychose. En tant que psychose, elle est héréditaire, en tant que maladie transmise depuis deux mille ans, elle est incurable. »

Certes marquée par les dogmes de la médecine du XIXe siècle, sa théorie n’en était pas moins absolument nouvelle.

Comme le « peuple juif est le peuple élu de la haine universelle », il ne pouvait espérer trouver un foyer accueillant.

Partout, même au sein des nations libérales, il restait un étranger.

Le peuple juif était un peuple de « gueux », « indigne » et « méprisable ». Seule une résurrection politique, une renaissance nationale serait en mesure de restaurer la place du peuple juif au sein « de l’assemblée des nations vivantes ».

Comment cependant s’y prendre ? Certes, le XIXe siècle a été celui des restaurations nationales, mais « bien sûr, ils n’étaient pas juifs les bienheureux qui obtinrent l’indépendance nationale. Ils demeuraient sur leur propre sol et parlaient une seule langue ». Et Pinsker de conclure : « En cela, il faut le reconnaître, ils l’emportaient sur nous. »

Pinsker ne se tourna pourtant pas inévitablement vers la Palestine.

Certes, il s’agit d’une option évidente, mais il n’écartait pas non plus la perspective de l’Amérique qui avait déjà accueilli un nombre important d’immigrés juifs.

À l’instar d’Herzl quelques années plus tard, Pinsker attendit une reconnaissance diplomatique de la nécessité pour les Juifs d’obtenir un foyer national.

Il comptait en cela beaucoup sur le judaïsme d’Europe occidentale, notamment sur l’Alliance israélite universelle et sur son pendant anglais l’Anglo Jewish Association qu’il somma d’abandonner la bienfaisance pour l’action politique.

Ayant pour objectif de persuader les élites israélites occidentales, Pinsker choisit de publier son pamphlet en allemand. Il n’en tira quasiment aucun bénéfice.

En revanche, l’ouvrage, aussitôt traduit en yiddish et en hébreu, connut un succès certain auprès des cercles éclairés du judaïsme russe et galicien .

Ce pamphlet, porté par la colère et la conviction nouvelle de son auteur, constitue une pierre angulaire de la littérature nationaliste juive.